En République démocratique du Congo, l’agriculture reste majoritairement traditionnelle, marquée par l’usage d’outils rudimentaires, une faible mécanisation et un accès limité à l’information. Pourtant, dans un pays à fort potentiel agricole, l’introduction du numérique représente une réelle opportunité pour améliorer la productivité, lutter contre l’insécurité alimentaire et soutenir les jeunes agriculteurs. Mais comment y parvenir quand les infrastructures de base et l’accès aux technologies restent limités ?
🚧 Constat : une agriculture encore loin du numérique
Aujourd’hui, peu d’exploitants agricoles congolais utilisent des outils numériques. Plusieurs freins persistent :
- Faible couverture Internet en zones rurales ;
- Coût élevé du matériel (téléphones, ordinateurs, drones, capteurs, etc.) ;
- Faible niveau de formation technologique ;
- Absence de politiques ciblées pour la digitalisation agricole.
Pourtant, des alternatives réalistes existent pour préparer le terrain.
1. Sensibiliser et former les agriculteurs aux bases du numérique
Avant d’introduire des outils complexes, il est essentiel de commencer par la formation de base :
- Ateliers sur l’usage du téléphone portable (appels, SMS, WhatsApp) pour l’échange d’informations agricoles ;
- Initiation à la lecture de données météo simples ;
- Formations sur la gestion financière numérique via mobile money (M-Pesa, Orange Money, etc.).
Ces formations peuvent être organisées par les écoles d’agriculture, les ONG locales ou même les radios communautaires.
2. Utiliser les radios et SMS comme passerelle numérique
Dans un contexte de faible connexion Internet, les radios rurales et les SMS peuvent servir de première porte d’entrée au numérique :
- Diffusion de conseils agricoles en langues locales via la radio ;
- Envoi de SMS météo ou de prix de marché aux agriculteurs inscrits sur des listes simples ;
- Collaboration avec les opérateurs télécoms pour rendre ces services gratuits ou à bas coût.
3. Soutenir les jeunes « agri-preneurs » comme catalyseurs du changement
Les jeunes congolais formés au numérique peuvent devenir les ponts entre technologie et agriculture :
- Former des agents numériques ruraux chargés d’aider les producteurs à utiliser des outils simples ;
- Appuyer les jeunes porteurs de projets agricoles utilisant le digital (applications, systèmes de suivi, vente en ligne) ;
- Créer des incubateurs agricoles numériques dans les provinces.
Plutôt que chaque agriculteur investisse seul dans des outils coûteux, les coopératives agricoles peuvent :
- Acheter en commun un smartphone, une tablette ou un accès Internet ;
- Mettre en place un centre d’information partagé (avec radio, panneaux, imprimés, etc.) ;
- Organiser des rencontres hebdomadaires pour partager les informations reçues.
5. Plaider pour des politiques publiques et des partenariats adaptés
Le gouvernement congolais et ses partenaires techniques doivent :
- Intégrer la digitalisation agricole dans les politiques nationales (Plan national du numérique, stratégie agricole) ;
- Encourager les opérateurs mobiles à développer des offres ciblées pour les agriculteurs ;
- Créer des zones pilotes pour tester l’introduction progressive du numérique dans l’agriculture.
La digitalisation de l’agriculture en RDC ne se fera pas du jour au lendemain. Mais en commençant par des actions simples, adaptées au contexte rural congolais, le pays peut poser les bases d’une agriculture plus connectée, plus productive et plus durable. Le numérique n’est pas une solution miracle, mais un levier puissant, à condition qu’il soit accessible, inclusif et accompagné.